En ces jours bénis de Dhoul Hijjah pendant lesquels les musulmans du monde entier proclament haut et fort la grandeur d'Allah et plus particulièrement en ce jour de 'Eid-oul Akbar, il est du devoir de chaque croyant de se remémorer un prophète bien particulier, Ibrâhim (‘alayhis salam), celui qui fut surnommé " le père des prophètes ".
Durant toute sa mission, Ibrâhim (‘alayhis salam) a été éprouvé de différentes façons mais il a toujours su passer les épreuves avec succès. Les quelques lignes qui suivent traiteront quelques moments forts de sa vie et rappelleront les enseignements qu'on peut en retirer.
Le premier moment fort de sa vie fut lorsqu'il vit son père, dès son jeune âge, fabriquer des idoles, les vendre et les invoquer. Ibrâhim (‘alayhis salam) refusait cette façon d'agir et interrogea son coeur à la recherche de la vérité. Sa fitra (nature) ne pouvait accepter en aucun cas cette bassesse humaine alors que l'être humain était doué d'intelligence....Mais qui pouvait bien donc le guider ? Il se mit donc en quête de la vérité. Le Qour'âne décrit sa recherche de la vraie voie en des termes bien clairs :
« Quand la nuit l'enveloppa, il observa une étoile et dit :"Voilà mon Seigneur!" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Je n'aime pas les choses qui disparaissent."
« Lorsque ensuite il observa la lune en se levant, il dit : "Voilà mon Seigneur!" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Si mon Seigneur ne me guide pas, je serai certes, du nombre des gens égarés ».
« Lorsque ensuite il observa le soleil levant, il dit : " Voilà mon Seigneur! Celui-ci est plus grand" Puis lorsque le soleil disparut, il dit : " Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah » .
« Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a crée (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés ». (Chapitre 6 / Versets 76-77-78)
Lorsque la foi pénétra son coeur et lorsqu'Allah le fit "de ceux qui croyaient avec conviction" (verset 75), il adopta deux attitudes :
• Il se soumit totalement à Allah
• Il dénonça franchement les vices qui prévalaient dans la société
Le Qour'âne décrit encore ces deux attitudes :
« Son peuple se disputa avec lui; mais il dit : "Allez-vous disputer avec moi au sujet d'Allah, alors qu'Il m'a guidé? Je n'ai pas peur des associés que vous Lui donnez. Je ne crains que ce que veut mon Seigneur. Mon seigneur embrasse tout dans Sa Science. Ne vous rappelez-vous donc pas ?
Et comment aurais-je peur des associés que vous Lui donnez alors que vous n'avez pas eu peur d'associer à Allah des choses lesquelles Il ne vous a fait descendre aucune preuve ? Lequel donc des deux partis a le plus droit à la sécurité ? (Dites-le) si vous savez » . (Chapitre 6 / Versets 80-81)
Chacun de nous devrait avant toute chose ancrer la certitude du pouvoir absolu d'Allah dans le coeur. Cela ne peut être accompli que par un effort collectif qui changerait toute une société. En effet, Ibrâhim (‘alayhis salam) était une "Oummah parfaite" comme le décrit le Qour'âne (Chapitre 16 / Verset 120 ), c'est à dire qu'il incarnait à lui seul les qualités de bravoure et de courage de toute une société. Nous sommes "La Oummah" par excellence (Chapitre 3 / Verset 110 ) et il est de notre devoir d'acquérir ces mêmes qualités afin de poursuivre l'effort prophétique.
Le deuxième moment fort de la mission de Ibrâhim (‘alayhis salam) fut lorsqu'il invita Nemrod vers l'adoration d'un Dieu Unique. Là aussi, il parla franchement de la vérité en propageant la Kalima. Cette dernière était ressentie comme une menace par l'élite et le peuple car elle s'opposait à un système complètement immoral, obscur et satanique. L'hostilité de Nemrod se manifesta par un désir d'éradiquer le porteur de ce message. Ibrâhim (‘alayhis salam) fut donc jeté dans un feu; son seul crime n'était autre que cette déclaration : « Mon Rabb est Allah." Mais Allah ne délaisse jamais un serviteur obéissant et patient ». (Chapitre 2 / Verset 153 ) . Il le sauva donc dans ce feu en ordonnant à ce dernier d'être froid et salutaire envers Ibrâhim (‘alayhis salam). (Chapitre 21 / Verset 69)
Aujourd'hui, nous avons à faire face aux mêmes défis et hostilités. C'est cette même kalima qui semble être une menace potentielle pour la société alors qu'elle nous invite tous, sans distinction raciale à une soumission totale à un Dieu Unique (Chapitre 3 / Verset 64 ) . Et ces hostilités se traduisent à notre époque de différentes manières, dans différents endroits du monde. Chaque musulman se doit d'être patient et ne doit jamais baisser les bras car la promesse d'Allah est véridique (Chapitre 45 / Verset 32 ).
Le troisième moment fort de sa mission arriva dans sa vieillesse, lorsqu'il lui fut ordonné de sacrifier son fils. Isma'îl (‘alayhis salam) était le premier fils de Ibrâhim (‘alayhis salam) qu'il eut à un âge très avancé (86 ans d'après certaines versions). On peut imaginer facilement l'attachement et l'affection qu'il avait pour Isma'îl (‘alayhis salam) à ce moment là. Sa soumission à Allah prédominant sur toute autre chose, Ibrâhim (‘alayhis salam) plaça le couteau sur le cou de son fils. Mais Allah n'est pas injuste. Il envoya un bélier du Paradis et l'animal fut égorgé à la place de l'enfant (chapitre 37 / Versets 100 à 110).
La leçon qu'on doit retirer de cette épreuve est le besoin de soumission totale et inconditionnelle de l'être humain aux commandements d'Allah. Il faut placer le couteau non seulement sur l'animal mais aussi sur notre coeur. Ibrâhim (alayhis salam) fit mourir ses désirs bien avant sa mort; il reçut en échange le titre de "l'ami d'Allah".
L'esprit de la commémoration du sacrifice d'Ibrâhim (alayhis salam) est d'enseigner à la Oummah que nous devons faire mourir nos désirs afin de connaître la vie. Les autres ne vivent que pour mourir alors que le musulman se doit de "mourir" afin de vivre tranquillement et éternellement.
Qu'Allah accepte nos sacrifices et qu'Il renforce notre certitude en Son Pouvoir et notre soumission à Lui. Amine.
Mawlâna Bilâl G.
Note : Discours prononcé au Moussallah de Saint-Pierre à l'occasion de Eidoul Ad-ha