L’exemple parfait

Voici quelques bribes de la vie bénie du Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam),  extraits du « Chamaa-il » de l’Imâm Tirmizi (rahimahoullah). Le texte n’étant pas toujours facile à comprendre, j’ai ajouté quelques notes pris de « Khasaa-ilé Nabawi », commentaire du « Chamaa-il-ou-Tirmizi », écrit par Sheikh Zakariyya (rahimahoullah), ainsi que  des notes personnelles.   
 
Un aperçu de la vie domestique du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam
 
‘Ali radhi yallâhou ‘anhou  rapporte que « lorsque le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam entrait chez lui, il partageait son temps en trois parties : une partie pour (l’adoration) d’Allah, une autre pour sa famille (pour participer à la vie domestique) et une (dernière) pour lui-même (son repos et ses besoins) qu’il repartageait aussi avec les gens, de telle façon que (par l’intermédiaire de ce temps qu’il consacrait aux autres), les personnes proches (de lui) pouvaient faire bénéficier le grand public.[1] Le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam ne cachait rien au public.[2]
 
C’était l’habitude du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam de recevoir en priorité les « Ahloul Fadhl », les hommes de mérite (à cause de leur statut, bonté et respect) avec la permission qu’il donnait (d’entrer), et par la suite, de leur consacrer du temps selon leur degré de mérite dans la religion. Parmi eux, certains venaient avec un besoin, d’autres avec deux et, d’autres encore avec plusieurs requêtes. Il s’occupaient d’eux (en répondant favorablement à leurs requêtes) et les occupait à des actions (liées à leurs préoccupations) utiles et profitables [3] aussi bien à leur correction personnelle qu’à la réformation de la communauté Il les informait de ce qui convenir le mieux pour eux. Et il disait : « Que les présents parmi vous transmettent (ces paroles) aux absents. » 
 
Il disait aussi : « Faites moi parvenir les besoins (et demandes) de ceux qui ne peuvent les faire (directement soit par l’éloignement, la honte ou la crainte) car celui qui fait parvenir à une autorité la requête de celui qui ne peut le faire (directement), Allah  raffermira ses pas le  jour du jugement. » 
 
On ne discutait que de ces propos (utiles et profitables) auprès du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam et il les écoutait volontiers de ses compagnons. (En revanche), les futilités n’étaient pas prononcées dans ses assemblées. Les Sahabah venaient auprès de lui avec une envie (d’apprendre la religion) et ne  le quittaient qu’étant « satisfaits ».[4]  Ils repartaient ainsi  tels des guides (pour le bien). (Chamaa-il p.22)
 
 
Un aperçu de la conduite sociale du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam 
 
Ali radhi yallâhou ‘anhou décrit la vie du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam en dehors de la maison comme la suivante :
 
· Le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam  préservait sa langue (des paroles inutiles). Il ne parlait que des choses auxquelles il considérait un intérêt.
 
· Il était familier avec les Sahabah et ne les faisaient pas fuir (par des mauvaises paroles ou un sale caractère).
 
· Il traitait avec déférence les nobles de chaque tribu. Et les nommait dirigeants de leur tribu (respective).
 
· Il recommandait la prudence aux gens [5] et l’était lui même [6] sans jamais les priver de son visage souriant ni de son bon caractère.
 
· Il s’informait toujours au sujet de ses compagnons (présents ou absents). Il les questionnait à propos des gens et mettait en valeur le bien en l’approuvant et désapprouvait le mal en le réfutant.
 
· Il choisissait toujours la modération. Il n’était pas d’un tempérament varié.
 
· Il n’était jamais négligeant, de crainte que les Sahabah le soient aussi [7] ou ne se lassent (à cause de l’excès dans l’action).
 
Le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam était préparé (avec les moyens matériels et spirituels) à toute situation. Il (était ferme sur la vérité et) n’ébranlait ni ne surpassait jamais celle-ci. Ceux qui se trouvaient auprès de lui étaient les meilleurs.
 
Ceux qui avaient le plus de mérite pour lui étaient ceux dont le bon conseil était le plus répandu et ceux qui étaient pour lui le  plus respecté étaient ceux qui apportaient le meilleur réconfort (moral aux personnes dans la souffrance) et qui (excellaient) faisaient preuve de la meilleure générosité (envers les plus démunis). (Chamaa-il p.22-23)

 

Un aperçu des assemblées du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam 
 
Ali radhi yallâhou ‘anhou raconte que le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam ne se levait et ne s’asseyait qu’avec le « zikr » d’Allah (il avait la présence d’Allah à chaque moment)[8]. Lorsqu’il se joignait à une assemblée, il s’asseyait à la fin (là où il y avait la place, et il ne cherchait pas se faire une place devant)[9] et recommandait d’en faire de même. Il accordait à chaque personne assise en sa compagnie ses droits (de telle façon que) chacun se sentait (être en plus grande estime auprès de lui) qu’il était le plus honoré aux yeux du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam. Il était longanime (patient) avec celui qui s’asseyait  ou entretenait avec lui et ce, jusqu’à ce cette personne parte (en premier).[10] Il ne refusait jamais celui qui  lui demandait quelque chose, soit en la lui accordant (de suite) ou avec une bonne parole[11] (en lui promettant de la lui accorder plus tard).  Sa bonne humeur et sa courtoisie[12] étaient manifestes aux yeux de tous à tel point qu’il devint un père pour eux ; et tous étaient égaux pour lui pour ce qui est du droit.
 
Ces assemblées étaient (en fait, remplies) de science[13], de pudeur, de patience de confiance,[14] dans lesquelles les voix ne s’élevaient jamais et le caractère sacré (des choses et des personnes) n’était pas violé[15]. Les écarts possibles (de langage ou de conduite) n’étaient pas exposés.
 
Tous étaient considérés de façon égale (et non pas traités selon la noblesse de lignée) et ils n’avaient plus de mérite qu’à cause de leur « taqwa » (piété). Ils étaient modestes, respectaient le grand et faisaient preuve de bonté envers le petit (plus jeune). Ils donnaient priorité au nécessiteux et prenaient soin du voyageur[16]. (Chamaa-il p.23)
 
 
Le comportement du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam avec les personnes de l’assemblée
 
Ali radhi yallâhou ‘anhou raconte que le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam était toujours souriant, de nature accommodante [17]
Il n’était pas dur (de caractère), ni crieur, ni grossier. Il ne dénigrait jamais son prochain et n’était point avare[18]. Il se désintéressait des choses (et paroles) sans intérêt[19]. On ne désespérait pas de lui et il ne répondait pas[20].
Il s’abstenait de trois choses : les débats et querelles, la condescendance[21] et de ce qui ne le regardait pas. Il protégeait les gens des trois attitudes suivantes : Il ne blâmait personne (en sa présence) ni le critiquait (en son absence), ne cherchait pas à dévoiler l’intimité des gens (ne recherchait pas les défauts des gens en les espionnant). Il ne parlait que pour (des choses) dont il espérait une récompense divine (çawâb).
 
Quand il parlait, l’auditoire se tenait coi et baissait la tête ; on aurait dit que les oiseaux étaient posés sur leur tête (les gens ne faisaient aucun mouvement car les oiseaux s’envolent au moindre mouvement)[22]. Et quand il se taisait, ils parlaient alors (personne ne lui coupait la parole; ils attendaient qu’il ait terminé pour parler à leur tour)
 
Ils ne s’opposaient jamais dans la discussion en sa présence. Lorsque l’un d’eux s’exprimait, tous restaient silencieux et l’écoutaient jusqu’à ce qu’il termine. Leurs propos étaient (pris en considération et écoutés attentivement) comme celui du premier d’entre eux à avoir parlé.[23] 
 
Il souriait pour les mêmes raisons qu’ils riaient et il s’étonnait quand eux aussi l’étaient. [24] Il faisait preuve de patience envers la dureté des étrangers (de Madina, généralement des bédouins) dans leur façon de parler et dans leurs requêtes [25] à un tel point que les compagnons emmenaient ces personnes aux rassemblements (afin de profiter de leurs questions).
 
Le prophète sallallâhou alayhi wasallam disait : « Lorsque vous voyez une personne dans le besoin demander (de l’aide), assistez- la[26]. »
 
(Il n’aimait pas et n’acceptait pas que l’on fasse ses éloges) sauf du « moukaafin »[27]. Il ne coupait pas la parole à personne (pour commencer à parler). Cependant, si on dépassait les bornes, il le prévenait ou quittait l’assemblée (afin d’y mettre fin). (Chamaa-il p.24)
 
 
                                                                                                                 Mw Bilal Gangat 
 
[1] C’est à dire que les gens proches restaient auprès de lui et ensuite, ils propageaient aux autres ce qu’il avaient reçu comme conseils du Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam).
 
[2] Que ce soit dans le domaine religieux ou mondain, il ne leur cachait rien qu’il sache afin qu’il bénéficient au maximum (khasaa-ilé nabawi pg.266)
 
[3] Les actions qui permettent réforment l’être humain et la communauté sont sans aucun doute profitables
 
[4] Ils repartaient toujours après avoir acquis quelque chose de profitable. En plus des conseils, le  Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam leur offrait la nourriture présente. Ils repartaient toujours ayant « goûté » quelque chose (le mot « zawquin » a été utilisé dans la phrase qui signifié goûter) khasaa-ilé nabawi pg.267
 
[5] Une autre traduction possible : « il avertissait les gens (du châtiment divin)»
 
[6] Plusieurs traductions ont été faites mais la plus juste à mon avis semble être celle-ci. En effet, il se protégeait du mal des autres et recommandait aux autres d’agir ainsi. Il ne s’agit pas de porter des soupçons sur une personne sans raison, mais il vaut mieux de faire attention sans pour autant soupçonner. Plusieurs hadiths prouvent cette recommandation prophétique. (Pour plus de détails, voir Khasaa-ilé Nabawi p.268, note de bas de page n°1)
 
[7] Le mot arabe utilisé est « la yarfoulou makhaafata an yarfalou». Une autre version fait état de « la yaf’alou makhaafata an yaf’alou» qui signifie « il ne faisait pas certains actes d’adoration surérogatoires  de crainte que les compagnons ne les fassent et se lassent » à cause de la fatigue. En effet, Le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam accomplissait certains actes d’adorations et les compagnons n’avaient parfois pas la force physique d’agir de même. Comme ils voulaient imiter le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam, celui-ci délaissait ces actions (surérogatoires) afin que ses compagnons ne se fatiguent pas en voulant l’imiter à tout prix.   
 
[8] Il nous a enseigné comment agir de la sorte par la récitation des différentes invocations (dou’as) quotidiennes qui ne sont pas des  « remèdes anodins » mais qui sont d’une efficacité sans faille. Sachons les apprécier à leur juste valeur !!!
 
[9] En passant par-dessus les têtes par exemple. En fait, il se mettait là ou il y avait de la place sans gêner personne,, et les compagnons se tournaient vers lui .(khasaa-ilé Nabawi pg.269)
 
[10] Il ne mettait pas court à la conversation en se levant même s’il voulait partir mais laissait son interlocuteur parler, terminer ce qu’il devait dire et partir. C’est une grande leçon d’humilité et de patience que nous enseigne là le Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam!!
 
[11] Cette traduction est faite par Sheikh Fazlul Rahmân Azmi. Le mot utilisé dans le texte en arabe est « bi maysourin minal qawl » qui peut être traduit aussi par « en lui répondant avec douceur » (avec des paroles bienveillantes) comme l’a écrit Sheikh Zakariyya. (khasaa-ilé Nabawi pg.269)
 
[12] Le mot arabe est « khoulouqahou » qui signifie « moralité ». Sa traduction par « courtoisie » est faite par Sheikh Zakariyya
 
[13] On peut expliquer cela en une phrase : « Celui qui y assistait devenait intelligent » [14] ou celui qui en assistait repartait avec ces qualités Khasaa-ilé nabawi pg.269
 
[15] Sheikh Zakariyya a traduit par « et personne n’était déshonoré » (Khasaa-ilé nabawi pg.270)
 
[16] En lui accordant l’hospitalité. C’est une qualité inhérente des arabes.
 
[17] Lorsque les gens avaient besoin de son accord à propos de quelque chose, il le leur accordait facilement. (Khasaa-ilé nabawi pg.286)
 
[18] Sheikh Zakariyya précise que trois différents mots ont été cités d’après les différentes versions. Il les traduit tous ainsi : « il n’était pas avare / ne plaisantait pas avec excès / ne vantait jamais quelqu’un avec excès». (Khasaa-ilé nabawi pg.286).J’ai retrouvé la version qui est confirme la 3ème traduction dans Jam’ul Fawaa-id vol.4-pg.451
 
[19] Il ne prêtait guère attention, comme s’il n’avait pas entendu.
 
[20] Si on lui demandait une chose indésirable, il ne le faisait pas ressentir, mais ne le décourageait point sans pour autant lui faire des promesses.
 
[21] Le mot arabe est « al-ikbâr ».Une autre version de Tabrâni dans son « al kabîr » cite « al-ikçaar » qui signifie l’excès (d’argent ou de paroles) (voir Jam’ul Fawaa-id vol.4-pg.451)
 
[22] On retrouve l’origine de cet acte à l’époque du prophète Souleymân (‘alayhis salâm). Ses disciples baissaient leurs yeux lorsque les oiseaux leur faisaient de l’ombre en se mettant au-dessus d’eux. Et ils ne parlaient en la présence du prophète uniquement que lorsqu’il les interpellait. (Chamaa-il p.23, hachiyya n°10)
 
[23] Aucune parole des personnes de l’assemblée n’était écoutée avec lassitude ou sans intérêt. En général, l’attention est maximale au début mais elle s’efface au fil des minutes et laisse la place à la dissipation  (Khasaa-ilé Nabawi p.287) 
 
[24] Il ne restait pas dans son coin mais se fondait dans l’assemblée en participant avec eux dans la façon de parler (Khasaa-ilé Nabawi p.287)  Il agissait ainsi afin de les mettre à l’aise. Cela reflète la modestie du Prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam
 
[25] Les bédouins ont en général, des manières rudes dans le langage. Ils posaient des questions inutiles et manquaient souvent de respect au prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam (en l’interpellant par exemple par son prénom). Ce dernier fermait les yeux sur cela. (Khasaa-ilé Nabawi p.287)   
 
[26] Le terme utilisé est « ourfoudoû hou ».Dans une autre version (celle de Tabrâni dans son « al kabîr »), c’est « ourchoudôu hou » qui est cité qui signifie « conseillez-le » s’il en a besoin ou « dirigez-le » s’il a perdu son chemin.
 
[27]  Ce mot peut être traduit par « celui qui le faisait par reconnaissance » et ainsi, le prophète sallallâhou ‘alayhi wa sallam  restait silencieux. Certains ont traduit par « celui qui faisait les éloges sans excès »; par contre, lorsqu’on le faisait avec excès, il l’arrêtait. (khasaa-ilé nabawi pg.288)
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