L’origine du calendrier
Le calendrier islamique a aussi son histoire et son origine. Il est bon de les connaître… L’usage de compter les années à partir d’une ère est très ancien chez toutes les nations de toutes les contrées. Quand il se passait un événement ou un fait important dont la renommée se répandait dans le monde, les habitants de la terre le prenait comme point de départ d’une ère. la meilleure façon aurait été d’établir un depuis l’apparition de Adam (a) sur la terre ou encore du déluge de Nouh (a) ; car ce sont là des événements importants. Mais malheureusement, on ne sait pas exactement depuis combien de temps ont eu lieu ces événements ; il y a un désaccord sur chacun d’eux. Par conséquent, chaque peuple prit comme point de départ d’une ère quelque grand événement qui se passait parmi eux

Ainsi, il est rapporté que des descendants d’Ibrahim (a) comptaient les années à partir de l’époque où il fut jeté dans le feu. Les mages ont une ère qui commencent à l’année où Yezdedjerd fut tué. Les arabes aussi basaient leur calendrier sur un événement important, en l’occurrence, l’année de l’éléphant. Un Abyssin, nommé Abrahah fit bâtir une somptueuse cathédrale à Sana (Yémen) avec l’espoir que cette cité prendrait la place de la Mecque comme lieu de pèlerinage le plus fréquenté de toute l’Arabie. Abrahah ne faisait aucun secret de son dessein, ce qui suscita une colère grandissante parmi les Arabes. Finalement, l’un d’entre eux se rendit à Sana, souilla la cathédrale et l’incendia. Quand Abrahah apprit la nouvelle, il jura qu’en représailles, il raserait complètement la Kaaba. Il se mit alors en route pour la Mecque avec une grande armée, en tête de laquelle marchait un éléphant. Quand Abrahah s’apprêta à marcher sur la Mecque, dans l’intention de détruire la Kaaba qu’il considérait comme le grand sanctuaire rival, tout à coup, le ciel devint noir et un bruit étrange se fit entendre : une grande vague d’oiseaux dont chacun portait trois cailloux, l’un dans le bec et les deux autres serrés dans chaque patte, déferlèrent sur l’armée d’Abrahah. Ces oiseaux fondirent sur les soldats, les criblant de pierres au passage, et les galets étaient si durs qu’ils transperçaient même les cottes de mailles. C’est ainsi qu’Allah sauva sa maison sacrée, la Kaaba. Cet événement, dont la nouvelle s’était répandue dans le monde entier, servit aux Arabes de point de départ d’une ère.

Ils dataient donc les lettres et les actes à partir de cette année là. Même au temps du Prophète SAW, ils continuaient à se servir de ce calendrier. Il est toutefois rapporté que le Prophète SAW se servait pour certains de ses écrits, d’une date se référant à l’année de l’Hégire.

C’est à l’époque du Califat de Oumar (r) que l’ère islamique fut établit définitivement à partir de l’Hégire dans les circonstances suivantes :

Abou Moussa Achari (r), qui était à l’époque gouverneur de Basra, écrivit un jour à Hazrat Oumar (r) en ces termes :  » Nous avons reçu du Prince des croyants plusieurs lettres sans dates. Nous ne savons donc pas à quelle époque remontent tes ordres, et, pour que nous le savions, il faudrait dater les lettres. » Oumar (r) trouvant que son gouverneur avait raison, rassembla autour de lui tous les hommes instruits et les sages conseillers musulmans pour leur demander leur avis. C’était là une des bonnes habitudes de Oumar (r) : il se basait sur la  » Choura « , consultation, comme ligne de conduite pour diriger les affaires de l’état. Il n’envisageait jamais de prendre une décision sans consulter les musulmans instruits. Il avait l’habitude de dire : « L’opinion d’un seul est comme un fil très fin. Deux opinions sont comme deux fils que l’on a noués ensemble. Si les opinions sont nombreuses, cela devient comme une corde solide ! »

Enfin, chacun donna son avis, et, après avoir étudié longuement et réfléchi profondément sur les opinions énoncées, Oumar (r) décida de débuter le calendrier islamique à partir de l’hégire. Il expliqua ensuite la raison de son choix en ces termes : « Comptons à partir de l’année où le Prophète SAW effectua l’émigration; car en cette année se manifesta le pouvoir de l’Islam, la vérité s’affermit et l’erreur fut confondue; aucun fait plus important que celui-là n’est survenu dans le monde.  »

En effet, l’Hégire marqua un tournant dans la mission du Prophète SAW et une révolution dans l’Islam. L’Islam prit une nouvelle forme et se constitua en communauté autour d’un seul chef. A Makkah, le Prophète SAW était un citoyen comme les autres ; à Madina, il devint un guide d’une communauté. A Makkah, il devait se contenter d’opposer une résistance plus ou moins passive à l’ordre établi; à Madina, il devint actif et organisa une société religieuse. Bref l’hégire ouvrit une nouvelle ère dans l’Histoire de l’Islam.

Quand au nombre des mois de l’année islamique, il est bon de connaître que le calendrier islamique se compose de douze mois. Ce nombre a été fixé par Allah lui-même qui déclare ceci : « Le nombre des mois pour Allah est douze dans le livre d’Allah le jour où il créa les cieux et la terre. Parmi eux, quatre sont sacrés. » ( 9-36 )

Ces quatre mois sont les mois de Zoul Hiddjah ainsi que celui qui le précède et celui qui vient après lui, à savoir Zoul Quardah et Moharram. le quatrième est l’avant dernier avant le mois de ramadan ; son nom est Radjab.

Quant aux noms des mois du calendrier islamique, ils sont les suivants :

Mouharram
Safar
Rabi’oul Awwal
Rabi’ous Sâni
Djoumâdal Oûla
Djoumâdal Oukhra
Radjab
Cha’bâne
Ramadhân
Chawwâl
Dhoul Qua’dah
Dhoul Hidjjah

Les noms des mois connurent quelques modifications et ne sont pas les mêmes que ceux utilisés à l’époque pré-islamique. Par exemple, le premier était appelé Mortammar et le deuxième était Nardjizah.

Aussi, il est bon de savoir que les noms de chaque mois rappellent un événement ou un fait qui se produit en des différents mois. Nous citons ici quelques exemples :

1/ Mouharam qui signifie sacré, fut appelé ainsi car les pillages et les guerres étaient interdits pendant ce mois.

2/ Râbi’ qui signifie automne, fut appelé ainsi car cette saison s’étendait durant les pénibles mois de Râbi;

3/ Ramadhân qui signifie chaleur, correspondait à la période de l’année où la chaleur était si torride que la terre se desséchait.

4/ Dhoul Hidjjah qui signifie pèlerinage fut appelé ainsi pour la simple raison que c’était durant cette période qu’on accomplissait le pèlerinage.

Un des points important à souligner concernant le calendrier islamique est le fait qu’il est lunaire et non solaire. Allah Taala déclare dans le Coran : « Ils t’interrogent sur les croissants de lune, dis : « Ce sont des éléments de repères dans le temps pour les gens et pour le pèlerinage. » (2- 182)

Il affirme encore : « C’est lui qui fit du soleil un éclairage et de la lune une lumière. Il détermina la croissance de la lune en vingt huit quartiers, afin que vous sachiez le nombre des années ainsi que le calcul. » (10-5).

Pourquoi un calendrier purement lunaire ?

Parmi les plusieurs avantages de ce choix, nous en citons quelques uns:

1- Pour des besoins religieux et pour faciliter les pratiques religieuses ; l’Islam étant destiné au monde tout entier; il a fallu tenir compte des différences climatiques des diverses régions. Sachant que les mois du calendrier lunaire sont susceptibles de parcourir toute les saisons. Le jeûne du Ramadan sera donc tout à tour en différentes saisons. Si le jeûne était prescrit à un certain mois bien défini du calendrier solaire, il fallait donc accomplir toujours le jeûne à une même saison. Le but en serait alors vicié par la nature et, physiquement , son accomplissement ne serait pas possible.

En effet, l’été des pays du Nord de l’équateur coïncide avec l’hiver des pays situés au Sud de l’équateur. En outre, il se peut que l’hiver soit considéré comme une saison agréable dans les régions équatoriales, mais très rude dans les régions polaires. Seul le calendrier lunaire permet d’éviter cette discrimination entre les croyants des différents pays. Dans une religion mondiale, une saison fixe apportera donc des avantages constants à certains et des difficultés constantes aux autres, ou elle sera gênante d’une manière ou d’une autre pour les habitants de certaines régions.

Les différents peuples du monde goûteront donc tour à tour durant le mois de Ramadan les différentes saisons (aussi bien l’été que l’hiver). Ainsi, le calendrier lunaire permet aux croyants de s’habituer de garder le jeûne (se priver de manger et de boire) en toutes saisons. Ce n’est ni toujours facile pour les uns , ni toujours rude pour les autres.

2/ Pour faire profiter davantage aux pauvres : En effet, la Zakâte (Impôt social purificateur) payée sur les épargnes et le commerce est, du fait de l’année lunaire, imperceptiblement augmentée, de sorte qu’en 33 années solaires on paie donc la Zakâte d’un an de plus .

Le mois de Moharam est le premier mois du calendrier islamique et l’un des quatre mois sacrés qu’Allah Taala a mentionné dans le Coran .Pendant ce mois, Allah Taala manifeste sa bonté et fait descendre ses bénédictions en abondance. Nous entamons donc une nouvelle année, mais comme les saisons ne comptent pas en islam, on ne fête pas le jour de l’an. Il n’existe que deux fêtes canoniques en islam : Idoul Fitr et Idoul adhâ. Les autres nations ont l’habitude de fêter le nouvel an et d’échanger des vœux de bonne année. Le musulman , lui, que doit-il faire en cette occasion ? Il doit remercier Dieu qui lui a accordé uniquement par Sa grâce une occasion pour méditer sur son existence passée et pour réfléchir sur son avenir. Tout comme le responsable soucieux de la rentabilité et la bonne gestion de son entreprise, effectue un bilan et fait l’inventaire à la fin de chaque année , afin de prendre des décisions et commencer un projet pour l’exercice future, ou encore comme à la fin de l’année scolaire , on fait la moyenne des notes pour voir si l’élève monte ou redouble de classe , le croyant également doit dresser le bilan de ses actions accomplies au cours de l’année écoulée et se soucier de l’état de ses préparatifs pour la vie future.

Cette nouvelle année doit donc nous amener à faire une rétrospective de la partie de notre vie qui s’est achevée. Si les bonnes actions l’emportent sur les mauvaises , nous devons remercier Allah Taala et lui demander de nous accorder davantage de Tawfiq pour passer le reste de notre vie dans les œuvres louables. Et si, par malheur, les mauvaises actions dominent les bonnes, alors nous devons faire le Tawbah sincère devant Allah Taala et prendre les résolutions fermes de ne plus recommencer et de ne plus passer le reste de notre vie dans les œuvres blâmables. Pensons aussi sans cesse que les minutes qui s’égrènent à longueur de journée et de nuit nous rapprochent inexorablement de la mort. Mais réfléchir sur l’époque révolue n’est pas une mince affaire. Mawlana Thanwi (r) disait : « De par sa nature même, l’homme a tendance à oublier ; seule la situation présente retient toute son attention et son intérêt , il est le fils du présent « .

Pourtant, si on s’efforçait de méditer sur les jours passés, on constaterait que l’on a rien préparé sérieusement pour l’au-delà. Qu’Allah nous permette à tous de méditer sur nos actes passés, et d’en tirer des leçons pour agir mieux aujourd’hui et demain.
Âmine
Note : écrit par par Mw. Ismaël Mamode.

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