Les gens aiment naturellement les occasions de bonheur et de plaisir, qu’elles soient privées ou publiques. Notre Créateur, Allah Ta’alah, a exprimé Sa Miséricorde sur les hommes en répondant à cette inclinaison naturelle par les deux Eids de l’Islam : le Eid oul Fitr et le Eid oul Adha. Allah Ta’alah a encouragé durant ces jours les dépenses (raisonnables) et l’expression de joie qui contribue au bien-être de chacun. En plus de cela, ces deux Eid trouvent leur écho dans le Eid hebdomadaire : le jour du vendredi (Djoum’a)
 
Si nous observons maintenant les célébrations en cours chez les non musulmans, nous nous apercevons qu’elles sont nombreuses : les événements nationaux, saisonniers, la fête des mères, la fête du travail, la fête de l’abolition de l’esclavage, etc., sans compter les fêtes religieuses. Des occasions si prolifères qu’il devient bien rare de passer un mois sans une fête particulière. Mais bon nombre d’entre elles sont issues de l’imagination humaine et motivée par des fins commerciales.
 
 
La Saint-Valentin fait partie de ces fêtes étranges, liées à des divinités ou des personnages monastiques de l’ère païenne. Normalement, nous n’aurions accordé aucune attention particulière à cette fête. Mais dans la mesure où de plus en plus de frères et sœurs musulmans participent à ces célébrations accompagnées de ses rituels spécifiques sans savoir qu’ils sont profondément ancrés dans des origines chrétiennes et païennes, il devient nécessaire de les informer de leur erreur, en évoquant notamment l’origine de la Saint-Valentin et la position de l’Islam sur l’amour.
 
Le Festival de l’Amour était célébré par les romains, quand le paganisme était leur religion courante il y a de cela plus de dix-sept siècles. Dans la conception des  romains païens, c’était là une expression de « l’amour spirituel ».
 
 
Il y avait des mythes associés à ce festival païen, qui ont persisté avec leurs héritiers chrétiens. Le plus célèbre de ces mythes était la conviction romaine que Romulus, le fondateur de Rome, avait été allaité un jour par une louve qui lui a donné la force et la sagesse.
 
 
Deux jeunes forts et robustes maculaient le sang du chien et de la chèvre sur leurs corps
 
 
Les Romains avaient pris l’habitude de célébrer cet événement la mi-février de chaque année avec un grand festival. Un des rites de ce festival était le sacrifice d’un chien et d’une chèvre. Deux jeunes, forts et robustes, maculaient alors le sang du chien et de la chèvre sur leurs corps, et enlevaient ensuite le sang avec le lait. Après ce rituel, une grande parade débutait, dirigée par les deux jeunes qui déambulaient dans les rues. Ils avaient des morceaux de cuir avec lesquels ils frappaient tous ceux qui se mettaient sur leur passage. Les femmes romaines recherchaient particulièrement ces coups, parce qu’elles croyaient qu’ils pouvaient empêcher ou guérir la stérilité.
 
 
Quand les Romains se sont convertis au christianisme, ils ont continué à célébrer ce festival mais en changeant le concept païen de « l’amour spirituel » en un autre concept appelé « les martyrs de l’amour », représenté par Saint-Valentin qui symbolisait l’amour et la paix. Il fut aussi appelé « la Fête des Amants », et Saint-Valentin était considéré le saint patron des amants.
 
 
Il existe plus de 50 Valentins différents dans la légende chrétienne. La plus connue est la suivante : lorsque les romains commencèrent à se convertir au christianisme, l’empereur Claudius II décréta au troisième siècle que les soldats ne devaient pas se marier, car le mariage les détournait des guerres dans lesquelles ils s’étaient engagés. Saint-Valentin s’opposa à ce décret et commença à exécuter des mariages pour les soldats dans le secret. Quand l’empereur  découvrit cela, il l’emprisonna et le condamna à l’exécution.
 
 
En prison, Saint-Valentin tomba amoureux de la fille du geôlier, mais cet amour resta secret car, selon les lois chrétiennes, les prêtres et les moines ne sont pas autorisés à épouser ou à tomber amoureux d’une femme. Malgré cela, Saint-Valentin garda une grande estime parmi les chrétiens à cause de sa ténacité à adhérer au christianisme quand l’empereur lui offrit de lui pardonner s’il abandonnait sa religion pour adorer les dieux romains ; il deviendrait alors un de ses confidents les plus proches et se marierait à sa fille. Mais Saint-Valentin refusa cette offre et préféra le christianisme. Il fut donc exécuté le 14 février de l’an 270, à la veille du festival de Lupercalis. Ainsi, le 14 février prit le nom de Saint-Valentin.
 
Les noms des filles qui avaient atteint l’âge de mariage étaient écrits sur des petits rouleaux de papier
 
 
Ce festival était mêlé de fausses convictions. Les noms des filles qui avaient atteint l’âge de mariage étaient écrits sur des petits rouleaux de papier et placé dans un plat sur une table. Puis, les jeunes hommes qui voulaient obtenir une épouse étaient appelés, et chacun d’eux choisissait un morceau de papier. Il devait se mettre au service de la fille dont le nom était inscrit pour une année, afin de se découvrir l’un l’autre. Après ce délai, ils s’épousaient, ou répétaient, en cas d’échec, le même procédé le jour du festival de l’année suivante.
 
 
Le clergé chrétien réagit contre cette tradition, qu’il considérait comme une pratique entrainant une influence corrompue sur la morale de jeunes hommes et femmes. Le festival fut aboli en Italie et en France en 1776, où il était très suivi. Mais il fut réintroduit aux dix-huitième et dix-neuvième siècle, quand, dans quelques pays de l’ouest, apparurent des ateliers qui vendaient de petits livres appelés « les livres de Valentin » et qui contenaient des poèmes d’amour. Ceux qui désiraient envoyer un message d’amour à leur bien-aimé pouvaient choisir un poème de ces livres. Ils contenaient également des suggestions pour écrire des lettres d’amour.
 
 
Aujourd’hui, la Saint-Valentin est célébrée comme une simple opportunité commerciale. Cette fête est étrangère à l’Islam. L’interdiction d’imiter les coutumes païennes compte parmi les principes fondamentaux de la Shariah. Allah a fait de l’Islam un tout qui couvre l’ensemble des intérêts humains à tout instant, dans tous les endroits et pour tout individu. Un musulman n’a donc aucunement besoin d’adopter les pratiques païennes et les imiter. Ces fêtes sont accompagnées de différentes pratiques telles que décorer les maisons, allumer des bougies, se rendre à l’église, acheter certains types de friandises, de cartes et de fleurs, jouer des musiques spécifiques et ainsi de suite.
 
 
Abou Dawoud et Nassaï ont rapporté de façon authentique que Anas (radhiyallâhou ‘anhou)  a dit que le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) vint à Madinah à une époque où les gens avaient deux jours pour s’amuser. Il leur dit : « Allah a remplacé ces deux (jours) par ce qui est meilleur : les jours  de Fitr et de Ad’ha. »
 
 
Le célèbre commentateur de Hadith, Hâfiz Ibn Hajjar affirme: « On déduit de cela qu’il est répréhensible de manifester de la joie durant ces fêtes païennes et de les imiter. »
 
Le musulman doit être confiant en soi-même avec la force de sa foi que la guidée complète et la meilleure des législations sont scellées à jamais dans le Sceau des Prophètes et des Messagers (‘alayhimous salam)
 
« Aujourd’hui j’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. » (Sourate 5/ Verset 3)
 
« Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, celle-ci ne sera point agréée, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants. » (Sourate 3/ Verset 85)
 
 
Toute autre voie mène à l’innovation et à l’égarement. Le caractère répréhensible d’une pratique ne résulte pas uniquement de ses conséquences –celles-ci étant souvent minimisées pour justifier son acceptation au nom de l’amusement et de la distraction passagère. Par rapport aux fêtes non musulmanes notamment, l’imitation aussi est un facteur d’interdiction clairement établi par nos références. L’Envoyé d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a dit : « Celui qui imite un peuple fait partie de ce peuple. »
 
 
Nous aimerions conclure ce point avec la fatwa du Sheikh Mohammad ibn Sâlih Al-Othaïmin (rahimahoullâh). Il fut questionné sur la célébration et la participation dans la Saint-Valentin. Sa réponse fut :
 
 
« Célébrer la Saint-Valentin n’est pas permis car:
 
1. c’est un eid innové qui n’a pas de base dans la Shariah.
 
2. cette fête invite (dans certains cas) des gens à un amour  et à une passion (que la morale réprouve).
 
3. elle engage le coeur des gens à se consacrer à des occupations insignifiantes qui sont contraires au chemin des vertueux prédécesseurs (qu’Allah soit content d’eux).

 

Donc il est défendu d’exécuter n’importe quel rite lié à ce jour – que soit dans la nourriture, les boissons, les vêtements, les cadeaux, etc.
 
Un Musulman doit être fier de sa religion, et ne doit pas devenir un imitateur qui suit chaque appel.
 
Je demande à Allah de protéger les Musulmans de toutes les tentations, visibles ou cachées. » [Fin de la fatwa du shaikh]

 

Dans l’Islam, un mari aime sa femme à travers l’année.
 
 
Il est sûr que l’Islam ne s’oppose pas à la manifestation de l’amour. Mais l’expression de ses sensations et de ses émotions n’autorise pas au musulman leur célébration en un jour spécifique ou la désignation, à leur effet, d’une fête particulière… Les époux se doivent d’entretenir leur attachement mutuel tout au long de l’année ; et ils doivent aussi s’efforcer d’exprimer cet amour régulièrement (et non durant un seul jour de l’année) en s’offrant des cadeaux, en s’adressant des mots et des gestes affectueux. Notre Bien Aimé Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) disait que, parmi ceux qui ont la foi la plus parfaite, il y a ceux qui sont les plus doux à l’égard de leur famille (Michkât). Le sens de cette affirmation est très profond : il indique en effet qu’aimer sa femme ou son époux pour Allah est une preuve de piété du cœur et que les gestes d’amour entre époux/épouse sont des œuvres pies.
 
Attacher son cœur à des êtres ou des choses et offrir son cœur à ce qu’on chérit le plus sont des qualités inhérentes à l’homme… Mais c’est bien parce qu’il s’agit d’une qualité humaine, que l’homme doit savoir comment aimer ou plutôt comment s’orienter vers ce qui mérite réellement d’être aimé ! Car, il serait bien triste de laisser n’importe quoi occuper la plus grande place de son cœur…. L’amour, en Islam, n’est pas seulement limité à l’attachement entre un homme et une femme, entre des personnes qui sont proches ou envers les choses agréables… Il y a aussi un autre amour qui est requis de la part du croyant : il s’agit de l’attachement qui doit le lier au Messager (sallallâhou ‘alayhi wa sallam)  et à ses compagnons (radhi yallâhou ‘anhoum), aux gens bons et vertueux, et à la religion en général. Et, avec cela, il y a Celui que l’on se doit d’aimer plus que tout autre, qu’on doit aimer à un point où l’attachement à toutes les autres choses en soit dépendant : Dieu. Ibnou Taymiyah (rahimahoullâh) le rappelle lorsqu’il écrit : « La divinité est ce à quoi le cœur s’attache en lui donnant le maximum d’amour et le maximum de soumission. » (Al Ouboûdiyyah d’Ibn Taymiyyah – Page 44)
 
L’islam invite justement l’homme, à travers la formule « Il n’y a de divinité qu’Allah », à ne rien prendre comme divinité en dehors d’Allah. Le serviteur d’Allah doit donc continuer à aimer ses enfants, son conjoint, les bonnes choses de ce monde qu’Allah a créées pour lui. Mais il ne peut les aimer comme il aimerait Allah (al-hubb ka-hubbillâh), d’un amour divin. Il ne doit pas non plus les associer dans son amour pour Allah (al-hubb ma’allâh). Il faut les aimer à cause de l’amour qu’il a pour Allah (al-hubb lillâh). Il les aime parce qu’il aime Allah. L’attachement à toute chose de ce monde se trouve ainsi relativisé (tâbi’), découlant de l’amour suprême et indétrônable réservé à Allah. Cela relève de la perfection du monothéisme. Et cela contribue à protéger et à fortifier la liberté de l’homme. Si l’amour des choses est ébranlé ou disparaît, l’amour divin persiste et a pour effet de renforcer dans toutes les épreuves, contre les dépressions et les suicides. Allah est Magnifique, Infini et Eternel. Son amour est le plus beau, le plus grand et perpétuel.
 
 
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) adressait les prières (dou’âs) suivantes à Allah :
 
« Ô Allah (…) je Te demande de faire que je T’aime, que j’aime celui qui T’aime, que j’aime toute action qui rapproche de l’amour pour Toi »(At-Tirmidhî)
 
« Ô Allah, fasse que l’amour que j’ai pour Toi me soit plus cher que l’amour que j’ai pour moi-même, pour mes biens, pour ma famille et pour l’eau fraîche »(At-Tirmidhî)
 
 
(La demande est faite ici pour que l’attirance que l’homme a pour Allah soit plus naturelle que celle qu’il éprouve pour de l’eau fraîche pendant une période de forte chaleur. Cette prière est rapportée du Prophète Daoud (‘alayhis salâm), et la mention de l’eau fraîche est justifiée par le climat de la région où il vivait.)
 
 
« Ô Allah, accorde-moi Ton amour et l’amour de tout ce qui me sera profitable auprès de Toi. Ô Dieu, ce que j’aime et que Tu décides de m’accorder, fasse que cela me renforce à faire ce que Tu aimes. Ô Dieu, ce que j’aime et que Tu décides d’écarter de moi, fasse que cela me permette de me consacrer à ce que Tu aimes »
(At-Tirmidhî)
 
Tel est le vrai sens de l’amour en Islam; il n’y a donc pas dans notre foi de la place à des manifestations « arrangées » et « organisées » d’amour comme la Saint-Valentin. Cette fête est plutôt une dérive, trouvant naissance dans le paganisme et exploitée aujourd’hui par le matérialisme, qui nous éloigne du véritable amour recherché dans l’Islam.
 
Que la paix soit sur notre Prophète Mohammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) et sa famille et ses compagnons !
 
 
Moufti Louqman Ingar.

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