Nous avons entendu dans la Tarawih 26, le Chapitre 80 « ‘Abassa » - « Il s’est renfrogné ».
Allah Ta’âla y dit dans les premiers versets :
« Il s’est renfrogné et a tourné le dos parce que l’aveugle est venu à lui. Qui te dira ? Peut-être se purifiera-t-il ou se rappellera-t-il, de sorte que le Rappel lui soit profitable ».
Il est dit qu’un jour, un Compagnon aveugle, Hazrat Abdoullâh Ibnou Oummi Maktoûm (radhiyallâhou ‘anh) vint auprès du Prophète (swallallâhou ‘alayhi wasallam) alors que celui-ci était en train d’inviter quelques notables de la tribu de Qouraysh à l’Islam.
Il s’approcha alors et commença à poser des questions au Prophète (swallallâhou ‘alayhi wasallam) avec insistance.
Ce dernier (swallallâhou ‘alayhi wasallam) souhaita à ce moment que l’aveugle ne le dérange pas et le laisse discuter avec ces personnes dont il espérait la conversion. Après tout, n’était-il pas déjà un des leurs ? Un convaincu avec lequel il aurait pu discuter par la suite ? Il se renfrogna donc et tourna le dos. Allah Ta’âla révéla alors les versets cités plus haut.
D’une certaine manière, Il reproche ici à Son Messager (swallallâhou ‘alayhi wasallam) d’avoir agi ainsi : s’être détourné de l’aveugle.
Ibnou Kathîr (rahimahoullâh) écrit :
« Allah, Elevé, Glorifié, ordonne ici à Son Messager (swallallâhou ‘alayhi wasallam) de ne pas rendre l’avertissement (sa mission) spécifique à qui que ce soit. Bien au contraire, il doit être équitable à ce propos entre le fort et le faible, le pauvre et le riche, le maître et l’esclave, les hommes et les femmes, les grands et les petits. Puis il appartient à Allah de guider qui Il veut vers le droit chemin. Et à Lui appartiennent la sagesse et l’argument décisif. »
Moufti Taqi (dâmat barakâtouhouhoum) nous rappelle ces versets dans son discours intitulé : « Ne méprisez pas les pauvres ! ».
Bien sûr, le Messager d’Allah (swallallâhou ‘alayhi wasallam) n’avait nullement méprisé l’aveugle ! Il avait tout simplement donné priorité aux notables Qourayshites, pensant certainement que s’ils devenaient musulmans, c’étaient toute la population qui en serait influencée également. Il y avait donc toute une sagesse de sa part d’agir ainsi. Mais Allah lui en fit quand même le reproche ! « Il s’est renfrogné et a tourné le dos… »
Respecter chaque personne est une exigence de sa foi. Et mépriser une personne est le signe de l’orgueilleux.
Mon frère, ma sœur, que ta richesse, que ton honneur, que ta beauté, que ta renommée ou tout autre bienfait dont le Très Haut t’a comblé, ne te fassent pas oublier ton devoir d’humilité et de respect vis-à-vis de ton prochain.
Sache que le seul critère de supériorité est la piété et la piété n’est connue que de Dieu ! Tu ne peux alors te prendre supérieur aux autres. Et encore moins par ta richesse, ta renommée ou autre bien matériel de ce monde.
« Vous êtes tous égaux. Aucune personne n’est supérieure à une autre, excepté en piété et en bonne action. », nous avait rappelé notre Prophète (swallallâhou ‘alayhi wasallam) lors de son dernier sermon.
Imâm Nawawi (rahimahoullâh) nous cite dans « Les jardins des pieux », dans le chapitre intitulé « Vertus des faibles, des pauvres et des gens effacés d’entre les musulmans», le récit d’une femme noire qui balayait la mosquée du Prophète (swallallâhou ‘alayhi wasallam). Une fois, pendant plusieurs jours ce dernier (swallallâhou ‘alayhi wasallam) ne l’a plus vue. Il interrogea alors les gens à son sujet. (Nous pouvons là imaginer l’importance qu’avait chaque créature à ses yeux, aussi modeste soit-elle !) On lui annonça qu’elle était morte. Il leur dit alors : « Pourquoi ne m’en avez-vous pas informé ? » Ils ne répondirent pas, mais on pouvait comprendre qu’en fait, ils l’avaient sous-estimée. Ils s’étaient dit qu’elle ne valait certainement pas la peine qu’on informe le Prophète (swallallâhou ‘alayhi wasallam) à son sujet.
Mais ils se sont trompés ! Chaque personne avait une valeur aux yeux du Messager d’Allah (swallallâhou ‘alayhi wasallam). Et les pauvres, faibles et misérables bénéficiaient d’une plus grande attention.
Il demanda ensuite aux gens de lui montrer la tombe de la femme noire et il alla y prier en sa faveur. (Boukhari)
Voilà pour toi, mon frère, ma sœur, la leçon de ne jamais mépriser qui que ce soit. Il se peut que celui que tu méprises ait plus de valeur que toi aux yeux du Très Haut !
Imâm Zaynul ‘ÂbidÎn (rahimahoullâh) a si bien dit :
"Dieu a caché 3 choses en 3 endroits:
1. Son contentement dans Son obéissance. Aussi, ne sois pas avare d'actes d'obéissance, car tu ne sais pas par quel acte tu obtiendras Son contentement.
2. Sa colère dans sa désobéissance. Aussi, ne t'aventure dans aucun acte de désobéissance. Il se peut qu'il soit la cause de Sa colère.
3. Ses rapprochés parmi Ses créatures. Aussi, ne méprise aucune de Ses créatures. Qui sait si elle ne fait pas partie de Ses rapprochés?
A méditer !